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saint Benoît

Une ancienne église au Trastevere

Au fond d’une petite place dans le quartier du Trastevere, une petite place  étouffée par des voitures, se cache la petite église de saint Benoît  » in Piscinula ». L’église se dresse, selon la tradition, sur les vestiges de la résidence de la gens Anicia, une famille noble et ancienne à laquelle appartenait saint Benoît de Norcia. Il semblerait que le saint y aurait vécu vers l’an 470 avant de partir vers Subiaco. On raconte que cette famille, les Anicia, avait une villa avec des bains dans le quartier du Trastevere. Plus tard, au VIIIe siècle, on y installe un petit oratoire dédié à saint Benoît. L’oratoire aurait été détruit en 1084 lors du pillage effectué par les troupes du normand Robert Guiscard. L’église est mentionnée pour la première fois dans le Liber Censuum de Cencio Camerario datant de 1192.  

Le clocher de saint Benoît

Le petit clocher roman qui surmonte la toiture est un des plus vieux de Rome (1069). Dans les murs en brique qui le constituent on voit des fragments de marbre de différentes couleurs, tailles et formes ainsi qu’une petite croix. Ils sont là simplement pour donner un peu de couleur au mur en brique. Ce genre de détails est typique de nombreux clochers romains médiévaux. Le clocher de l’église de saint Benoît est le plus vieux, XIe siècle, et le plus petit de Rome. La façade de l’église, en style néoclassique, est une œuvre de l’architecte Pietro Camporese. La façade est décorée de fausses pierres de taille. Elle présente un portail surmonté d’une fenêtre semi-circulaire. Au sommet se trouve un tympan triangulaire surmonté d’un d’acrotère du XVe siècle, formé d’une palme posée sur deux grandes roses.

A l’intérieur de l’église de saint Benoît

La salle liturgique est précédée d’un atrium, construit sur l’emplacement du narthex original, où sont conservées les inscriptions commémoratives des différentes rénovations et restaurations, ainsi que les restes de précieuses peintures murales datant du XIe au XIVe siècle. L’église a maintenu sa forme basilicale, l’espace interne est divisé par deux rangées de colonnes antiques, le pavement en style cosmatesque, l’autel surmonté d’une fresque de la Vierge et enfant. C’est une des nombreuses images miraculeuses de Rome. En dessous on voit une image ancienne de saint Benoît qui tient dans ses mains un livre ouvert sur une page où l’on peut lire « Ecoute l’enseignement du Maître ». Sous l’autel sont conservées les reliques des Sept Dormants d’Éphèse.

Les sept dormants d’Éphèse

Entre 250 et 253, sept jeunes hommes de la bonne société d’Éphèse refusent de sacrifier au culte de l’empereur Decio. Ils se sont secrètement convertis au christianisme. Arrêtés et interrogés, ils acceptent de renoncer à tous leurs biens et aux honneurs liés à leur rang. Ils parviennent à s’enfuir. Ils se cachent dans une caverne et ils s’endorment. Leur cachette découverte est murée sur ordre de l’empereur. Selon la tradition, les jeunes hommes se seraient réveillés bien deux cents ans plus tard en ayant l’impression de n’avoir dormi qu’une seule nuit. Témoignant par là la possible de la résurrection de la chair, assez contestée à cette époque. Les sept jeunes gens seraient ensuite retournés dans leur grotte avant de s’endormir pour l’éternité.

Les fresques de l’église

Les murs de l’église de saint Benoît sont plutôt dépouillés mais on y voit ci et là quelques traces des fresques médiévales qui devaient décorer les parois. Le pavement dans lequel sont insérées les pierres tombales des familles nobles du Trastevere telles que les Mattei et les Castellani date du XIIe siècle. Dans la nef de gauche on voit une fresque montrant saint Jean l’Évangéliste et saint Jean-Baptiste qui indiquent l’Agneau de Dieu. C’est une fresque du début du XVe siècle réalisée par des artistes romains. Au début de la nef de droite on a un saint Benoît de Norcia datant du XIVe siècle. La fresque détachée se trouvait à l’origine dans l’atrium.

Madone de la Miséricorde

À gauche de l’atrium, une porte avec un décor cosmatesque et une architrave soutenue par deux colonnes en marbre mène à la petite chapelle de la Madone de la Miséricorde, de forme trapézoïdal. Cette chapelle était autrefois recouverte de mosaïques. L’autel, consacré en 1604, abrite une peinture murale du XVe siècle représentant la Madone avec l’Enfant Jésus. On la connaît sous le nom de Madonna della Misericordia. C’est une fresque détachée transférée sur toile. Cette peinture a fait l’objet d’une dévotion particulière car on pensait que saint Benoît de Norcia priait devant cette image. À droite de la chapelle, on entre dans la soi-disant « Cella di San Benedetto », une petite pièce longue et étroite qui, selon la tradition, était le lieu de pénitence du jeune saint. Les murs témoignent une origine très ancienne antérieure à l’église.

Notes