Une rue de la Renaissance
Via Giulia est une des premières rues réalisées à la Renaissance. Elle est ouverte en 1508 à l’initiative du pape Jules II, c’est l’architecte Donato Bramante qui en fait le tracé, une rue droite pour relier le pont Sixtus au pont Saint Ange et faciliter l’accès à la grande basilique de saint Pierre aux pèlerins . Au Moyen Age, il y a déjà une chaussée qu’on appelle « magistralis » au parcours tortueux et boueux. Alors, Jules II dessine, avec Bramante, la première et la plus longue route droite de Rome. Encore aujourd’hui la via Giulia part du Ponte Sixtus, longe le palais Farnèse et aboutit devant l’église de saint Jean des Florentins. Via Giulia est bordée de palais importants et de nombreuses églises.
Via Giulia
Contre le mur de la Piazza Pallotti, on a la fontaine del Mascherone. Déjà en 1570, la « Congrégation des Sources » veut une fontaine le long de via Giulia, hélas la pression de l’aqueduc de Acqua Vergine n’est pas suffisante. On a dû attendre le début du XVIIe siècle, le temps que le pape inaugure un nouvel aqueduc, celui de l’eau Paola. Le bassin de la fontaine est antique. On raconte que la fontaine versa pendant trois jours du vin à la place de l’eau lors de l’élection de Zondadari à Grand Maître de l’ordre de Malte en 1720. Via Giulia est chevauchée par l’Arc des Farnèse, réalisée d’après un projet de Michel-Ange. Cette arc aurait dû relier le Palais Farnèse et ses jardins à la Villa Farnesina, de l’autre rive du Tibre. Il ne faut pas oublier que l’artiste pendant quatre ans a contribué à la construction de la future ambassade de France.
Santa Maria dell’Orazione e Morte
Quelques mètres plus loin s’offre à nos yeux, la façade macabre de l’église de Santa Maria dell’Orazione e Morte, fondée par une archiconfrérie dont le but était de donner une sépulture aux clochards, aux noyés, aux pauvres abandonnés. Au XVIe siècle un terrain et deux maisons voisines sont achetés pour la somme de 1250 écus et la construction peut commencer. Presque toujours fermée, l’église cache au sous-sol, les crânes de ces pauvres malheureux. Juste à côté de l’église se trouve le palais Falconieri, un palais du XVIe siècle qui après de nombreux passages finit dans les mains de Orazio Falconieri. Francesco Borromini est chargé de rénover la bâtisse. Ce palais, habité par le cardinal Fesch et sa demi-sœur Letizia Bonaparte, abrite aujourd’hui l’Académie hongroise. De l’autre rue se trouve s’étale l’église de sainte Catherine de Sienne de l’architecte Paolo Posi. Sur les côtés deux tondi en marbre en relief sur lesquels on lit SPQS, Senatus PopulsQue Senensis ou le « Sénat et le peuple de Sienne, au lieu de « SPQR.
Les palais peints
Quelques palais qui bordent via Giulia, surtout dans les cours internes, gardent encore quelques traces des fresques qui les ornaient. C’était courant qu’à la Renaissance les palais importants étaient décorés de fresques, de stucs ou de graffiato. Malheureusement aujourd’hui il ne reste que trente-six palais qui ont gardé les décorations. Une bonne partie sont blottis entre via Giulia et via dei Coronari. L’un des plus connus est le palais Ricci juste derrière via Giulia. Sa façade est ornée des histoires de Muzio Scevola et de la fondation de Rome. C’est autour de 1524 que de Polidoro da Caravaggio et Maturino da Firenze s’appliquent à la décoration de ce palais pour Constance Farnèse, la fille naturelle du pape Paul III Farnèse. Au numéro 38 de via Giulia se trouve le Lycée Virgilio, une école publique bâtie de 1936 à 1939 par l’architecte Marcello Piacentini.
Les anciennes prisons
Sur la Via Giulia, immédiatement après vicolo della Moretta, on voit l’église du XVIIe siècle de saint Filippo Neri. A cause de ses dimensions réduits on l’appelle aussi saint Petit Philippe. Restaurée en 1728 par Filippo Raguzzini, il réalise aussi la façade. La petite église a un mérite, on y conserve un reliquaire en argent très précieux, le seule qui est restée à Rome après le passage de des troupes napoléoniennes. De l’autre côté de la rue, lors de la construction d’un parking souterrain on a découvert les écuries où étaient logés les chevaux qui couraient au Cirque Maxime. Presque en face de l’église de saint Philippe, on a les « Nouvelles Prisons » de l’architecte Antonio Del Grande pour le pape Innocent X. Elles datent de la moitié du XVIIe siècle. C’était alors une prison exemplaire. Le traitement « humain des prisonniers étaient garanti. Le bâtiment en brique avec bandeau a fonctionné comme prison jusqu’en 1883. Aujourd’hui, le bâtiment abrite le Bureau de justice pour mineurs ainsi qu’un Institut de recherche des Nations Unies pour la défense sociale et le musée de Criminologie.
Encore aujourd’hui
Via Giulia est bordée de palais importants et de nombreuses églises. Parmi tous ces monuments on trouve le palais qui fut l’habitation de l’architecte Antonio da Sangallo un artiste contemporain de Raphaël et Michel Ange. Un peu plus loin, le palais Sacchetti, il appartenait à Antonio da Sangallo. Au numéro 85 se trouve un petit bâtiment construit après 1525 l’architecte Bartolomeo de Ramponibus. Sur la façade une inscription du XIXe siècle indique que « POSSÉDÉ – RAF (FAELLO) SANZIO – EN MDXX ». Probable que Raphaël était juste propriétaire d’un terrain, il habitait pas loin de la basilique de saint Pierre. On voit aussi l’église de Maria del Suffragio, une œuvre de l’architecte Carlo Rainaldi. Vers la fin de via Giulia on a l’église de saint Éloi des Orfèvres dessinée par Raphaël, l’église de saint Jean des Florentins commencée par l’architecte sculpteur Jacopo Sansovino et terminée par Alessandro Galilei. Dans cette église sont enterrés deux grands architectes du XVIIe siècle, Francesco Borromini et Carlo Maderno.
Notes
- La visite comprend via Giulia et ses églises et ses monuments, pont Sisto, église de saint Jean des Florentins, église de santo Spirito dei Napolitani, saint Éloi des Orfèvres.
- On voit ses palais et la plupart de ses églises de l’extérieur.
- Pour réserver la visite de via Giulia écrivez à arterome2@gmail.com ou téléphonez de 18 à 21 heures au +39 3479541221.