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Vesta

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Une dèesse discrete

Lors d’une visite guidée du Forum Romain je vous raconterai de Vesta ou Hestia la fille aînée de Cronos et Rhéa, la grande sœur de Jupiter. Son culte est très ancien. Ses attributs sont le foyer et le feu sacré. « Je suis celle qui est, aucun homme n’a jamais levé mon voile. » chantent les vestales, les prêtresses de Vesta. « Je suis celle qui ne peut être représentée ». Ainsi, on a très peu d’images ou de statues. C’est une Déesse primordiale, à tel point que les Romains, en honorant les Dieux, réservaient une première place aux sacrifices à Vesta. A l’origine, elle est la protectrice du foyer du roi, puis la gardienne de la paix et de la prospérité familiale. N’ayant jamais participé aux guerres et aux disputes, on sait peu de sa vie privée, car elle a toujours été discrète. Vesta avec Diane et Athena est une des trois déesses qu’Aphrodite ne parvient pas à soumettre à la séduction à l’éveille du désir. On l’hommage du 7 au15 juin.

le temple de Vesta et la maison des Vestales

Vesta

La légende raconte que, courtisée par Poséidon et Apollon, la Déesse obtint de Jupiter, son frère, le dieu des dieux, le pouvoir de garder sa virginité. Symbolisant le foyer dans le sens large du terme, le feu sacré était toujours allumé dans son temple. Le mythe raconte encore que lorsque Hermès, c’est-à-dire Mercure, monta à l’Olympe, la déesse lui céda sa place à la table des Dieux. Vesta aimait une vie réservée et recueillie. Son culte était très ancien, il remontait aux origines de Rome. Les Sabins, qui suivaient le calendrier lunaire des sociétés matriarcales et connaissaient la divination et la magie, apportèrent à Rome le culte de Vesta, bien que déjà honorée à Albalonga. Vesta était le correspondant romain d’Estia. Certains auteurs ont supposé que la transformation du nom Estia en Vesta vient de l’association Vénus-Estia. Ce qui peut être probable.

L’importance du feu

Lorsqu’un couple se mariait, la mère de la mariée apportait de chez elle une torche allumée pour allumer le nouveau foyer. Cet acte consacrait le jeune foyer. Après la naissance d’un enfant, alors que le nouveau-né avait cinq jours, on tournait, avec lui, autour du foyer, signe de son admission dans la famille. Le premier jour du nouvel an, partait de l’habitation des vestales un cortège de torches qui allait allumer le feu dans chaque foyer de la ville. Chaque fois qu’un couple ou une communauté se préparait à fonder un nouveau foyer ou un nouveau siège, Estia ou Vesta les suivait à travers un feu sacré, reliant l’ancien au nouveau. En quelque sorte Vesta représentait la continuité et l’interdépendance. Ceci créait une conscience partagée et une identité commune. Le feu sacré unissait tous les citoyens en une seule famille. Il était gardé par les Vestales. Elles devaient incarner la pureté et l’anonymat de la déesse. En un certain sens, elles étaient sa représentation humaine, ses images vivantes, au-delà de toutes représentations sculptées ou picturales.

Le temple

Il se situe au Forum romain au pied du Palatin, à une extrémité de la Maison des Vestales dont il fait partie. Ce temple est lié à un culte très ancien remontant à l’époque du deuxième roi de Rome Numa Pompilius. Plusieurs fois restauré en raison de nombreux incendies, l’aspect que nous lui voyons est du à l’impératrice Julia Domnia qui l’a fait restauré vers la fin du deuxième siècle après J-C. Des colonnes à chapiteaux corinthiens s’élevent du podium circulaire. L’intérieur abritait alors le feu sacré. La forme circulaire s’inspire peut-être à celle des huttes archaïques. Un trou au centre du toit conique parait-il recouvert de tuiles en bronze laissait passer la fumée, jour et nuit. C’était un sanctuaire clos, à l’exception du Grand Pontife et des Vestales. A l’intérieur du sanctuaire, on y conservait le « Palladio », la statue de Pallas, un petit simulacre d’Athéne-Minerve. Elle serait tombée du ciel à Troie et emportée à Rome par Enée. Elle symbolisait la noblesse de la lignée romaine. En 394 après J-C, suite à l’interdiction de la religion romaine, la statue de Pallas fut détruite par la dernière des vestales, pour ne pas qu’elle soit profanée par les hommes.

La maison des vestales

La Maison des Vestales était la résidence des six prêtresses chargées de surveiller le feu sacré. Cette charge était à l’origine confiée aux filles du roi, mais elle passa plus tard aux Vestales. La maison actuelle a été bâtie après l’incendie de Néron de 64 après JC, ensuite, reconstruite à l’époque d’Hadrien et pour finir restaurée sous Septime Sévère. Lors de la visite guidée du Forum Romain, on visite la maison. Elle est à  côté du temple. Quand on entre, on est dans une vaste cour rectangulaire entourée à l’origine d’un portique et du bâtiment. Autour du portique on voit encore quelques statues de vestales vertueuses et au centre trois bassins avec de l’eau (impluvium). A l’époque, le bâtiment devait faire au moins trois étages de haut. Sur le côté oriental, une grande salle flanquée de trois petites de chaque côté a été identifiée comme salle commune. Les trois pièces de chaque côté (une pour chaque vestale) étaient peut-être destinées au culte des dieux Lares. Dans la maison des vestales il y avait aussi un four, un moulin, des cuisines. Aux étages on trouvait les pièces réservées aux Vestales et au dernier étage les espaces réservés au personnel.

la maison de Vesta

Les vestales

Grâce aux écrivains latins Tite-Live, Plutarque et Dionysos d’Halicarnasse, et grâce au rôle politique extrêmement important qu’elles tenaient, on connaît de nombreux noms et détails de ces vierges vouées au feu. Certaines comme Oppia Minucia et Claudia, n’ont pas maintenu les vœux de chasteté. D’autres comme Aquilia Severa abandonneront leur rôle pour devenir impératrice. La plus connue des vestales est sans aucun doute Cossinnia. On a retrouvé sa sépulture. Il s’agit de la seule sépulture connue qui soit certainement attribuable à une vestale. Comme l’explique l’inscription retrouvée à la base du monument funéraire, elle est restée vestale jusqu’à la fin. « Ici repose la Vierge, portée par la main du peuple, qui, pendant soixante-six ans a été fidèle au culte de Vesta ». L’obligation de « service » pour une prêtresse de Vesta était de trente ans. Après, elle était libre de se marier et de reprendre une vie normale. Mais Cossinnia avait choisi le sacerdoce à vie, restant jusqu’au jour de sa mort, consacrée à la déesse du feu.

Vestale

Le Captio

La consécration au culte, officié par le Pontifex Maximus, s’effectuait par le rite du Captio. Le captio virginis, ou « la capture de la vierge », était une cérémonie au cours de laquelle le Pontife Maxime nommait une nouvelle Vestale. La jeune enfant choisie devait avoir certains critères physiques, juridiques et moraux. Le Caption consistait à prendre la jeune fille par la main et prononcer des paroles rituelles. Ensuite on expose à la gamine ses devoirs et les privilèges. A partir de ce moment, la Vierge Vestale quitte la famille pour vivre dans l’atrium Vestae. Vêtue de l’habit sacerdotal blanc, les cheveux coupés (comme les nones dans les couvents), symbolisent le sacrifice. On les suspendaient à un arbre. Le terme captio fait référence à la capture, à l’enlèvement. Peut-être à la manière des temps anciens, quand on arrachait les filles aux familles? Quant à la coupe de cheveux, elle semble remonter à Tarquinius Priscus. Il avait rigidement contraint la vie des vestales. Craignant des représailles magiques de la part des vierges, il leur avait fait couper les cheveux. La magie des femmes a toujours été liée aux cheveux non coupés.

la maison des vestales

Conditions

Pour être choisie, une vestale devait avoir à la fois des parents patriciens vivants et libres, n’avoir aucuns défauts physiques et psychiques, être âgée de 6 et 10 ans. Elles ne devaient pas avoir d’autres membres de la famille qui occupaient déjà des charges sacerdotales. La Vierge Vestalis Maxima représentait symboliquement tout le collège et formait avec le Pontife Maximum un couple sacerdotal semblable à celui des Flamini avec les Flaminicas et du Rex Sacrorum avec la Reine. Les vestales prêtaient services pendant trente ans. Cette période était divisée en trois parties. Les dix premières années, elles étaient des novices, les dix suivantes elles officiaient le culte et les dix dernières elles instruisaient les novices. Au bout de trente ans, elles étaient libres de retourner dans la société et de se marier ou de rester vestales.

Les vêtements

Les vêtements étaient sobres. Elles avaient de longues robes blanches et des manteaux. Les vestales portaient des perruques. Il faut savoir que les cheveux étaient offerts à la déesse comme signe d’un changement radical. Chaque vestale devait garder sa virginité pendant la durée du service. La pureté physique devait coïncider avec la pureté du cœur. C’est pour cette raison qu’une vestale pouvait témoigner sans serment et elle bénéficiait de nombreux privilèges. Elle avait des places d’honneur réservées dans les lieux publics (stades, théâtres, manifestations, cortèges). Elle était nourrie et logée aux frais de l’État. On pouvait faire un testament, auprès d’une vestale plutôt que chez un notaire (ce que fit Jules César). Elle pouvait gracier un condamné à mort qu’elle avait croisé par hasard. Mais elle ne pouvait sortir sans être accompagnée, même si elle allait prier dans d’autres temples ou rencontrer des personnages importants.

Vesta au forum

Rôle dans la société

Les Vestales ne vivaient pas cloîtrées, elles vivaient librement et participaient aux moments de loisirs, y compris les jeux de gladiateurs. Elles avaient les meilleures places. Elles se déplaçaient précédées d’un licteur. Mais tous ces privilèges étaient perdus si les vestales violaient le vœu de chasteté. L’historien grec Plutarque nous a laissé une description poignante du cortège qui accompagnait la vestale coupable au tombeau. « Allongée sur une lit funéraire et liée, la vierge, considérée comme impure, passait dans la foule. Ils la portaient à travers le Forum et tous se retiraient en silence et l’accompagnaient en silence. Il n’y avait pas de spectacle plus glaçant, ni de journée plus lugubre pour la ville« . Dans la tombe souterraine, on avait dressé une table, allumé une torche, préparé du pain et dans des vases, mis de l’eau, du lait et de l’huile. Comme disait Plutarque : « ils voulaient se débarrasser d’eux-mêmes de la culpabilité d’affamer un corps consacré aux rites les plus solennels » . Terrible est le sort du « violeur ». Il était emmené au Comitium complètement nu et le cou appuyé sur une potence et fouetté à mort par le Pontifex Maximus.

temple de Vesta

L’importance du feu

Depuis toujours, le feu a été le symbole de forces mystérieuses auxquelles on a attribué de nombreuses significations. C’est l’élément purificateur par excellence. Il dévore les souillures matérielles et morales. Par sa chaleur, il peut changer « l’état » des éléments. Par sa clarté, il peut illuminer tout ce qui l’entoure. Il est aussi synonyme de Re-naissance. Pensez au Phénix, l’oiseau mythique, qui assure sa survie et renaît de ses cendres après avoir succombé à la flamme. L’incinération impliquait la mort d’une vie ordinaire et renaissance à la vie plus spirituelle. Pour les anciens, le feu est aussi associé à la foudre, à Jupiter le dieu des dieux. C’est pourquoi le crime de Prométhée fut sévèrement puni. Dans la tradition juive et chrétienne le feu est purificateur, symbole de vie, présence de Dieu … En un mot, des flammes du Buisson Ardent au langues de feu le jour de la Pentecôte en passant par les mythes antiques, un langage commun évoqué dans les images du feu un des mystères de la Nature à travers lequel s’exprimé le mystère de la Divinité.

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