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Largo Argentina

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Largo Argentina

La place Largo Argentina qui abrite les vestiges de l’édifice où a eu lieu l’assassinat de Jules César est ouverte au public depuis le 20 juin 2023. Pendant longtemps l’accès était réservé aux experts, et rarement au grand public. Ces dernières années, en vue de cette ouverture, la place de Largo Argentina a bénéficié de travaux de rénovations, d’installation de passerelles, pour un montant d’un million d’euros. Donc, à la conclusion des travaux menés sous la direction de la Surintendance du Capitole et rendus possibles grâce au mécénat de la Maison Bulgari, Largo Argentina est ouvert à tous. Une passerelle permet d’apprécier les ruines de près. En plus, deux espaces d’exposition, aménagés dans le portique de la Torre del Papito et près du temple D, présentent une sélection des nombreux artefacts trouvés lors des démolitions et des fouilles. Le site est accessible aux personnes handicapées grâce à l’utilisation d’une plate-forme élévatrice et la passerelle permet la visite même en fauteuil roulant. L’aménagement a été facilité pour les personnes malvoyantes grâce à deux grands panneaux tactiles et d’artefacts numérisés en 3D.

Découverte de Largo Agentina

C’est en 1926, en démolissant un bloc de maisons vétustes pour faire place à de nouveaux édifices, que des temples et une partie de la Curie de Pompée ont vu le jour. Très vite, la guerre éclate entre les constructeurs qui veulent continuer les travaux et les archéologues qui veulent préserver le complexe. La tension est telle, au point que le 22 octobre 1928, Mussolini lui-même dû se rendre sur le site pour écouter les avis des deux factions. A la fin il se prononce en faveur de la sauvegarde de la zone. Les fouilles reprennent sous la direction de Giuseppe Marchetti Longhi, Antonio Colini et Edoardo Gatti. L’aménagement de la zone sacrée a été réalisé sous la direction d’Antonio Muñoz, inspecteur supérieur de l’archéologie et des beaux-arts. Les travaux ont été exécutés en six mois et le 21 avril 1929, le « Foro Argentina » a été inauguré par Mussolini. Par la suite, de nombreuses fouilles ont été effectuées afin de trouver des éléments utiles pour la reconstruction de l’histoire de cette zone sacrée et des temples qui s’y trouvent.

Largo argentina

Avant Largo Argentina

A partir du Ve siècle après J-C commence la phase d’abandon et de transformation de la zone. On  y voit un couvent et au IXe siècles des habitations aristocratiques. En 1132 une église est dédiée à San Nicola. Elle s’installe à l’intérieur  du temple A, il en reste encore une partie de l’abside ornée du XIIème. Cette église portait d’abord le nom de Calcarario car dans les environs on brûlait les marbres pour produire de la chaux. Puis l’édifice prend le nom de Cesarini, du nom d’une noble famille installée en proximité. Au début du XXe siècle, lors de la découverte des quatre temples. n’ayant pas encore trouvé les divinités auxquels les temples étaient dédiés. Et c’est ainsi qu’on les a indiqués par les premières lettres de l’alphabet. Le terme « Argentina » sous lequel est connue la zone archéologique, vient de Argentoratum, nom latin de la ville de Strasbourg alors riche en mines d’argent. Mais c’était aussi la ville d’origine de Johannes Burckardt (Giovanni Burcardo) qui était le maître de cérémonie du pape Alessandro VI Borgia. On appelait aussi l’évêque, l’évêque argentinensis.

Champ de Mars

Les Champs de Mars

Aux Champs de Mars, à côté de l’aqueduc et le portique Mincio, se trouve la zone sacrée de l’Argentine et la Curie de Pompée l’édifice où a eu lieu l’assassinat de Jules Les quatre temples forment le plus grand complexe de l’époque républicaine actuellement visible. La zone a été identifiée grâce à un fragment de la Forma Urbis, un plan de Rome, en marbre trouvé pas loin des forums. On voit au Numéro 1 (D, C, B, A) Largo Argentina et ses quatre temples républicains. Le portique Minucia au numéro 2. Là, avait lieu une distribution gratuite de blé. Au numéro 3 le théâtre et le portique Balbi. Le 4 et 5 sont les tempes de Bellona et d’Apollon, le numéro 6 c’est le portique d’Octavie, dont on voit les ruines dans Ghetto de Rome. Les numéros 7 et 8 correspondent au portique de Filippo et le stade Flaminio, 9 et 10 le portique et le théâtre de Pompée, Le numéro 11 c’est l’Odéon près de la place Navone, le 12 le portique de Bonus Eventus, autrement dit des bons résultats. Au numéro 12 on trouve les thermes de Marc Agrippa, au numéro 14 le Diribitorium, un édifice pour les élections. Le numéro 15 c’était Hecatostylon, le portique aux cent colonnes et le numéro 16 la Curie de Pompée l’édifice ou a eu lieu l’assassinat de Jules César.  

Temple A

Le temple A est l’édifice que le consul G. Lutatius Catulus a fait construire après le triomphe sur les Carthaginois en 241 av. Il était probablement dédié à Juturna la nymphe des sources. D’une rare beauté, Juturna était aimée par Jupiter. Il en fait une nymphe immortelle et la transforme en fontaine intarissable. Cette source se trouve au Forum près du temple de Vesta. On se servait de ses eaux dans les sacrifices. Juturna, était particulièrement honorée par les jeunes filles en âge de mariage. Par les jeunes femmes pour échapper aux angoisses et aux douleurs de l’accouchement. A l’origine c’était un petit temple avec quatre colonnes devant un podium et un escalier de 18 marches. Au IIe siècle av. La surface de toute la zone a été surélevée et une vaste plate-forme en tuf a été construite devant les temples A et C. Par la suite, le bâtiment sacré a été incorporé dans un temple plus grand, avec 6 colonnes sur le devant et 9 sur les côtés longs. Au Moyen Âge, le temple devient l’oratoire du monastère de Boetianum, et au IXe siècle, une église dédiée à San Nicola. L’abside décorée de fresques est encore visible.  

Temple B

 Le temple B, de forme circulaire posé sur un podium précédé d’un escalier, est identifié comme le temple de Fortuna huiusce diei. C’est le plus récent des quatre édifices de culte bâti en 101 av. par le consul Q. Lutatius Catulus, collègue de Mario, pour marquer la fin de la guerre contre les Cimbres. L’hypothèse est accréditée par la découverte à l’intérieur du temple de fragments d’une statue gigantesque féminine. Un acrolithe autrement dit une statue colossale faite en parties de marbre, bronze ou autres matériaux. On a encore la tête, un bras et un pied de plus d’un mètre, conservé à la Centrale Montemartini. Mais qui était la Fortune du jour ? La déesse Fortuna, pour les Romains, était extrêmement concrète et multiforme. Elle n’était pas forcément synonyme de bonne chance et elle avait de nombreuses appellations. Dans ce cas, la Fortuna Huiusce Diei était l’énergie, la personnification des circonstances favorables qui se produisent à un jour et à un moment précis. Le temple est lié à la victoire sur les Cimbres qui eut lieu à Verceil. Les Cimbres, population germanique, avait traversé le Brenner sans que les Romains puissent le bloquer, une défaite de Rome aurait créé une situation extrêmement critique pour la péninsule italienne.

Temple C

Le temple était probablement dédié à la déesse Feronia, dont le culte fut introduit à Rome après la conquête de Sabine par le consul de M. Curio Dentato, en 290 av. La structure originale, datant du début du IIIe siècle av. J.-C., avait 4 colonnes en façade et 5 sur les côtés et était placée sur un haut podium en tuf, précédé d’un escalier de 20 marches. C’était une déesse d’origine italique, protectrice de la nature, des animaux sauvages, des bois, des récoltes, des malades et des esclaves libérés. Le sanctuaire principal de la Déesse était sur le mont Soratte, près de Capena. D’autres sanctuaires ont également été trouvés à Fiano Romano, Terracina, Preneste, tous près de Rome. Les eaux de source et tous les types de fertilité étaient donc sous sa protection, Naturellement elle protégeait le sol, la fertilité humaine et animale. Feronia était la Dame des animaux sauvages, un peu comme la Diane d’Ephèse qui avait de nombreux seins et sur sa robe de nombreuses bêtes. C’est donc une Déesse de la Nature. Feronia possédait également de grandes propriétés curatives confirmées par les nombreux ex-voto aux formes anatomiques.

Temple D

Le temple D était dédié aux Lares Permarini. Le temple est en grande partie sous via la Floride. Il a été construit au début du IIe siècle avant J.-C.. De grande taille, la façade était probablement dotée de 6 colonnes. Alignée avec les autres édifices sacrés, la partie arrière dépassait d’environ 10 m. Les Lares Permarini étaient des divinités chargées de la protection des navires le long des voies de navigation. Les Lares Permarini devaient aussi protéger les équipages romains lorsqu’ils étaient loin de Rome. On les représentait sous forme de petites statues, généralement en terre cuite. On les plaçait dans un lariarium à la proue des navires. Le culte des Lares Permarini apparaît comme une interprétation romaine d’un culte déjà pratiqué par les Phéniciens qui les appelaient Pataicos. Eux aussi plaçaient les statuettes sur la proue des navires. Les Lares Permarini sont entrés dans le panthéon des dieux de Rome suite à un voeu fait par Lucio Emilio Regillo lors de la bataille navale de 190 av. qui opposait la Rome à d’Antiochus III de Syrie au cap Mionnesos. La victoire remportée, le père de Emilio Regillo, Marco Emilio Lepidus en 179 av. fait construire un temple aux Champs de Mars. Ce fait nous a été rapporté par Titus Livius dans le livre XL.

Notes

  • Entrée 5 euros, gratuit les jeunes de moins de 18 ans
  • Premier dimanche du mois entrée gratuite
  • Tous les jours de 9h30 à 19 heures, hivers 16h30 sauf le lundi
  • On visite Largo Argentina lors de la balade la Rome de César
  • Pour réserver écrivez à arterome2@gmail.com ou téléphonez au +393479541221