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Saints Quatre Couronnés

Une ancienne église

Sur les pentes de la colline du Caelius, le long d’une route qui mène à la grande basilique de saint Jean de Latran est blottie l’église et le couvent des saints Quatre Couronnés. Riche en histoire, art et spiritualité, le monastère des saints Quatre Couronnés aurait été fondé du IVe siècle après JC sur les vestiges d’une domus romaine. Après tant de siècles, son charme reste intact, au point que, en franchissant le seuil de l’église, on a l’impression de plonger dans une atmosphère ancienne suspendue dans le temps, loin du chaos et des rythmes frénétiques de la ville moderne. L’église, qui tire son nom du martyre de quatre soldats romains ou de cinq tailleurs de pierre coupables de ne pas avoir voulu sculpter ou adorer la statue d’un dieu païen.

Un peu d’histoire

L’église des saints Quatre Couronnés a l’aspect d’une forteresse entourée d’imposantes murailles et surmontée d’une tour. Effectivement c’était au Moyen Âge, un couvent fortifié, habité par des moines guerriers dont le but était de protéger la basilique de saint Jean de Latran. Avant le départ pour Avignon, les papes habitaient à saint Jean de Latran. Le noyau original de ce couvent a été construit au IVe siècle par le pape Melchiade sur les ruines d’une domus romaine. De l’époque du pape Melchiade il reste l’abside et quelques vestiges situés sous l’actuelle basilique. Au VIIe siècle, le pape Honorius Ier agrandit l’église, mais elle subit une restauration radicale au IXe siècle par Léon IV. L’église des saints Quatre Couronnés a entièrement été rebâtie.

La présence des normands

En pleine querelle des investitures, le Pape Grégoire VII, en grave conflit avec l’empereur Henri IV qu’il avait excommunié, fit appel aux Normands de Robert Guiscard. Celui-ci vint au secours du pape quand l’empereur germanique entra dans Rome. Robert Guiscard mit le pape sous sa protection à Salèrne. Fidèle à ses habitudes, Robert Guiscard et ses soldats mirent à feu et à sang Rome, provoquant un incendie qui détruisit une bonne partie de la ville. L’église et le couvent des saints Quatre Couronnés, détruits, furent reconstruite mais en plus petit au début du XIIe siècle par Pasquale II. Une partie de l’ancienne église fut transformée en cour. La nef centrale de l’église détruite fut divisée en trois nefs par deux rangées de colonnes. Les nefs latérales de l’ancienne église deviendront l’une en cloître et l’autre un réfectoire. En 1560 le monastère passa aux religieuses augustines, qui en assurent encore la garde.

La tour du IXe siècle

L’entrée est dominée par la massive tour du IXe siècle, la plus ancienne de Rome. Simple et trapue, elle est construite en briquet et dotée d’une loggia avec quatre points de lumière surmontés d’un cadre simple formé d’étagères en marbre sans décoration. Après avoir passé le portail, on pénètre dans une première cour, avec des arcs de la fin du XVIe siècle, correspondant à l’ancien d’entrée de la basilique détruite. Au-dessus de l’arc, une inscription en caractères gothiques liée à la restauration réalisée par le cardinal Carillo au XVe siècle. On pénètre ensuite dans une autre cour à ciel ouvert, correspondant une partie de l’ancienne basilique, transformée en cour au XIIe siècle lors de la reconstruction de Pascal II. De là, à travers un portique on arrive l’entrée de l’église. 

L’intérieur de l’église des saints Quatre Couronnés

A l’intérieur, l’église des saints Quatre Couronnés, est formée de trois nefs dominées par des matroneums posées sur des colonnes provenant de monuments de la Rome antique. Eux-même sont décorés de colonnes similaires, mais plus petites. Les matroneums étaient des espaces réservés aux femmes que l’on trouve aussi dans l’église de sainte Agnès. Les nefs latérales sont voûtées. Le plafond, en cèdre du Liban, a été réalisé en 1580. On y voit les armoiries du donateur, le cardinal Henri du Portugal, qui fut plus tard roi du Portugal. Le sol médiéval en style Cosmatesque est encore celui d’origine. Il est composé de grands disques en marbre et en porphyre et de mosaïques polychromes réalisées là aussi avec des marbres arrachés aux sols antiques. Unique exemple à Rome, l’abside embrasse les trois nefs, couvrant toute la largeur de la nef centrale de la première basilique. 

Les fresques de l’abside

 L’abside est décorée de peintures et de stucs et de fresques incroyables réalisées par Giovanni Mannozzi, connu sous le nom de Giovanni da San Giovanni. Les peintures datent de 1624. Cet artiste travailla notamment à Florence et en Toscane, mais il était également à Rome où il laissa ses œuvres dans les églises et les palais. Il fut sans aucun doute l’un des fresquistes les plus intéressants de son époque en rupture avec les maniéristes toscans. Il avait un goût marqué pour la couleur avec un sens de l’air, de la lumière et de délicats effets de demi-teintes. Le nombre de ses peintures dans le court espace de sa vie est prodigieux. Mais revenons à l’abside de l’église des saints Quatre couronnés. On voit dans le registre supérieur, les histoires des Saints Quatre Couronnés, dans le registre inférieur l’histoire des martyrs de Pannonie. En haut, dans une orgie de couleurs, au milieu de nuages ​​et de ciels baroques, s’étale la Gloire de Tous les Saints. Dans cette fresque, l’auteur a peint les Anges très féminins.

Les parois latérales

Sur les parois des nefs latéraux sont visibles des restes de peintures du XIVe siècle. On y voit saint Bartolomé, écorché vif qui porte sur ses épaules comme une écharpe sa peau à peine enlevée. A gauche saint Benoît de Norcia en évêque et moine agenouillé à ses pieds. A droite c’est un saint Paul l’épée à la main. De l’autre côté un Jésus-Christ en pitié et des anges et Saint Pierre. L’artiste, inconnu, est originaire du Latium. Au bout de la colonnade de gauche est visible un splendide tabernacle en marbre du XVe siècle. Il est posé sur un pilier. Il est orné de reliefs représentant des Anges adorateurs, la Colombe du Saint-Esprit. On y voit aussi les armoiries du Pape Innocent VIII. C’est probablement l’œuvre de Luigi Capponi ou d’Andrea Bregno. Sur l’autel de la nef de gauche un San Sebastiano soigné par Lucina et Irène est une toile de Giovanni Baglione. Sur l’autel de la nef droite, on peut admirer une Adoration des bergers datant de la deuxième moitié du XVIe siècle.

Le cloître de l’église des saints Quatre Couronnés

Par une petite porte sur la gauche, on accède au cloître datant des années 1220. L’espace auparavant était occupé par la nef gauche de l’ancienne église. Le cloître de forme rectangulaire est décoré de fragments en marbre de l’époque paléochrétiennes et romaines. La cour intérieure, utilisée comme jardin, présente au centre un « cantharus », ou vase pour les ablutions, de l’époque de Pascal II. La fontaine est constituée d’une double coupe réalisée dans un seul bloc de marbre. L’eau du petit jet s’écoule du bassin supérieur et est recueillie dans le bassin inférieur caractérisé par une paire de têtes de lion d’où l’eau coule et se déverse dans le bassin de forme carrée. La fontaine ornait l’atrium de l’église dès le IXe siècle. Elle fut retrouvée par hasard, presque entièrement enterrée, lors des travaux de restauration réalisés en 1917. Quelques marches mènent à la chapelle de Santa Barbara dotée de trois absides UX plafonds voûtés. Sur les murs sont visibles des fresques des IXe et XIIIe siècles. Ce sont des œuvres des élèves de Giotto.

La chapelle de saint Silvestre

Depuis l’antichambre du parloir des religieuses, une petite porte conduit à la chapelle de San Silvestro, l’oratoire du palais cardinal, où est conservée une magnifique fresque médiévale. Elle raconte les histoires du pape Sylvestre. Parmi les scènes représentées, la célèbre de la Donation de Constantin au Pape, dans laquelle Rome et d’autres régions d’Occident sont cédées à l’Église. C’est un acte qui s’est révélé faux, mais qui a donné naissance au pouvoir temporel du Église. Tout le long des parois, on voit l’empereur, malade, au lit, qui en rêve voit apparaître Saint Paul et Saint Pierre lui demandant de retrouver le pape Sylvestre. Il a une image sainte qui a le pouvoir de le guérir. Les panneaux continuent avec le baptême de Constantin, Constantin offre au pape la tiare. Sur l’autre mur on a, sainte Hélène, la mère de l’empereur Constantin, retrouve la sainte croix lors d’un pèlerinage à Jérusalem retrouve la sainte croix. sainte Hélène qui choisit de se convertir à la religion chrétienne, car supérieur à celle juive (résurrection du bœuf ).

Notes

  • Visite possible tous les jours sauf le dimanche et pendant les messes
  • Découverte de l’église des saints Quatre couronnés lors de la visite du quartier Caelius
  • Pour réserver vos visites écrivez à arterome2@gmaill.com
  • Téléphonez au +393479541221