La dernière des Chambres de Raphaël
La salle de Constantin est la dernière des salles peintes par Raphaël et ses collaborateurs. C’est en 1517 que le pape Léon X commende à Raphaël la décoration de la plus grande des salles des Chambres de Raphaël. La décoration démarre quelques mois avant la mort du maitre. Effectivement, le 6 avril 1520 Raphaël meurt à l’âge de 37 ans. On sait, que Sebastiano del Piombo a écrit à Michel-Ange, lui demandant d’intercéder pour qu’il puisse succéder à Raphaël. Michel-Ange s’adresse au cardinal Bibbiena, ami du pape Léon X. Pour finir la continuation des travaux est laissée à l’équipe de Raphaël à savoir Giulio Romano et Giovanni Francesco Penni, aidés d’autres assistants. Il faut supposer que la décision de Léon X, certainement soutenue par Bibbiena, a déterminée par le désir que la salle soit décorée de fresques selon les souhaits de Raphaël, son ami.
Près de 60 ans pour compléter les travaux
La réalisation des peintures murales de la Salle de Constantin s’étale sur une période de plus de 60 ans. Car à la mort de Léon X en 1521, va lui succéder Hadrien IV, un hollandais. Il va interrompre les travaux. Ils seront repris par Clément VII en 1524. Le plafond à l’origine en bois, sera peint à fresque bien plus tard. Donc, la Salle de Constantin voit la main de différents artistes et ateliers. La réalisation s’étale sous cinq pontificats, de Léon X à Sixte V. Ils représentent un véritable résumé de la peinture à Rome du début aux dernières décennies du XVIe siècle. Les peintures qui ornent les quatre parois s’inscrivent dans le programme iconographique centré sur la victoire du christianisme sur le paganisme et sur l’affirmation et la primauté de l’Église romaine.
La Salle de Constantin la salle des réceptions
Les travaux seront repris par ses élèves de Raphaël, d’après les dessins du maître. La salle prend son nom de l’empereur Constantin qui avec l’empereur Licinius vont en 313 grâce à l’Edit de Milan instaurer la liberté de culte. Les murs représentent quatre épisodes de la vie de Constantin, quatre épisodes qui témoignent la fin du paganisme et le triomphe de la religion chrétienne. La première fresque sur la gauche à peine entré illustre la Vision de la Croix, ensuite la Bataille du Pont Milvius, suivi par le Baptême de Constantin et pour finir la Donation de Rome. La décoration de la salle est complétée par des figures de grands pontifes flanquées de figures allégoriques des Vertus. La salle était réservée aux réceptions et aux cérémonies.
La Vision de la Croix
La Vision de la Croix décrit la prémonition que Constantin a eu avant la bataille contre Maxence. Le sujet du tableau est reproduit selon la tradition. A la veille de la bataille du Pont Milvius, Constantin a eu une vision prémonitoire d’une croix et des mots « In hoc signo vinces », sous ce signe tu vaincra. Constantin fait remplacer les aigles impériaux par le symbole de la croix, reconnaissant ainsi officiellement la nouvelle religion. Les historiens attribuent la réalisation de la fresque à Giulio Romano, peut-être avec la collaboration de Giovanni Francesco, Penni et Raffaellino del Colle. En arrière-plan on peut noter des monuments antiques, la pyramide, un pont sur le Tibre et un mausolée.
Bataille du pont Milvius
Le 28 octobre 312 après J.-C., Constantin engage la bataille décisive contre Maxence le long de la voie Flaminia. Maxence en pleine débâcle se retirer vers le Pont Milvius pour traverser le Tibre. C’est à ce moment-là que Maxence, tombe dans la rivière et se noie. Maxence est représenté à droite du pont dans l’eau, alors que Constantin arrive au bord de la rivière. La scène est située avec une précision topographique au nord de Rome, avec l’inclusion de Monte Mario sur la gauche et les reliefs de Saxa Rubra en arrière-plan. Le projet initial de cette composition, comme celui de la Vision qui la précède, est certainement dû à Raphaël, mais l’exécution est de la main de Giulio Romano, son élève.
Baptême de Constantin
La source principale qui nous parle du baptême de Constantin se trouve dans « la Vie de Constantin » d’Eusèbe. Selon la légende, qui n’a aucune correspondance avec la vérité historique. Constantin aurait été baptisé par le pape Sylvestre, qui a ici l’apparence de Clément VII, dans le baptistère du Latran. Sur deux colonnes, on voit penchés les deux hommes les plus puissants du XVIe siècle. A gauche se tient l’empereur Charles Quint, tandis qu’à droite est François Ier. Dans le Baptême de Constantin, l’empereur s’agenouille pour recevoir le sacrement des mains du pape Sylvestre, évêque de Rome de 314 à 355. La fresque est attribuée à Giovan Francesco Penni pour les figures et à Giulio Romano pour certains portraits et le décor architectural.
Don de Rome
L’empereur Constantin, à genoux, est en train d’offrir une statuette d’or qui symbolise la ville de Rome, au pape Sylvestre. Sur cet épisode légendaire, reposaient les fondements juridiques de l’Église et la nature temporelle du pouvoir des papes. Dans la scène, Sylvestre Ier a les traits matures de Clément VII. La scène est insérée dans la basilique de saint Pierre avant sa reconstruction. Par cette donation, l’empereur Constantin aurait donné au pape Sylvestre la primauté sur les Églises d’Orient et la souveraineté sur l’Occident. Cette prétendue donation fut invoquée par les papes pour conserver le territoire que Pépin le Bref leur avait donné en Italie après avoir chassé les Lombards. Dès le XIIe siècle cet acte de donation est contesté juridiquement en Orient. Le caractère apocryphe de ce texte est démontré en 1440 par l’humaniste Lorenzo Valla.
La voûte de la salle de Constantin
Le plafond en bois de Léon X a été remplacé à l’époque de Grégoire XIII par une voûte décorée de fresques. Les travaux sont confiés au peintre sicilien Tommaso Laureti. Il commence en 1582 et il termine en 1585 sous le pape Sixte V. Les coins de la voûte représentent les actes de Grégoire XIII, tandis que la frise au-dessus des quatre épisodes de la vie de Constantin présente les éléments héraldiques de Sixte V. Dans le panneau central, Laureti a représenté le Triomphe du christianisme sur le paganisme. Il fait allusion à la destruction des idoles païennes remplacé par l’image du Christ, ordonnée par Constantin dans tout l’empire. Autour de l’espace central, l’artiste a peint huit régions d’Italie, représentant deux dans chacun des quatre pendentifs, et trois continents, l’Europe, l’Asie et l’Afrique.
La Justice et l’Amitié
Seulement deux virtus sont de la main de Raphaël la Comitas et la Iustitia, l’amitié et la justice. Pour les réaliser, l’artiste a utilisé la peinture à l’huile sur mur. La récente restauration a permis de dévoiler cette nouveauté. Raphaël l’aurait voulu pour la décoration de toute la pièce. Il a appliqué sur la structure du mur une couche suffisamment épaisse d’une résine naturelle, la colophane, connue sous le nom de poix grecque. Sur cette résine, il a étale une fine couche de préparation blanche, qui est ensuite peinte comme s’il s’agissait d’une peinture sur toile, ou sur panneau. La résine naturelle doit être appliquée à chaud et étalée directement sur le mur, préalablement maintenue par des clous. Les figures de Comitas et Iustitia sont les seules peintes à l’huile de toute la salle.
Les deux vertus peintes par Raphaël
C’est d’ailleurs avec elles que Raphaël a commencé la décoration de la salle. Elles représentent un tournant dans la carrière de l’artiste. La présence de clous sur une grande partie du mur nous donne la certitude qu’il souhaitait peindre la pièce entière à l’huile. Mais pourquoi le projet initial impliquait il la technique de la peinture à l’huile ? « Raphaël », répond Piacentini, « avait certainement rencontré Léonard. De plus, la peinture à l’huile, dont les temps d’exécution sont plus lents que ceux de la fresque, lui aurait permis d’effectuer des retouches et des corrections pour donner à l’ensemble du décor cette uniformité qui n’apparaît pas dans la Loggia de Psyché d’Amour de la Villa Farnesina à Rome », où le décalage entre la main du maître et celle de ses assistants est évident.
Notes
- Découverte de la salle de Constantin lors de la visite des musées du Vatican
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