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saint Georges au Vélabre

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Eglise au pied du Palatin

Coincée entre le mont Palatin et la rivière, aux marges du Foro Boario, il est une église qui a un charme tout particulier, c’est l’église de saint Georges au Vélabre. Le Forum Boarium, le marché aux animaux, ce n’est pas n’importe quoi, c’est l’endroit où la Louve aurait trouvé les jumeaux mythiques, Romulus et Remus. La zone où se dresse l’église de saint Georges au Vélabre était dans le passé un des coins les plus animés de la Rome antique. Pas loin du port fluvial, c’était une zone de marchés, un carrefour fréquenté, un lieu de rencontre pour les différentes populations dont Rome était constituée. Plus tard, le quartier sera habité par des marchands levantins et des fonctionnaires de l’Empire byzantin. Le mot Vélabre, du latin velabrum, est peut-être lié aux marécages qui formaient le paysage avant la construction de la Cloaca Maxima, l’égout du VIe siècle AC. Ou bien le mot Vélabre à à que faire avec les activités du passé, croisement routier, marché. Dans ce cas, la zone tire son nom de vehendo, transport.

Saint Georges

Saint Georges n’a jamais été à Rome, mieux encore probablement il n’aurait jamais existé. Il serait né au Ve siècle, en Turquie. Georges est un officier romain, qui un jour traverse une région terrorisée par un terrible dragon. Cet être monstrueux exige des habitants un tribut quotidien de deux jeunes gens tirés au sort. Ce jour-là, c’est le tour de la fille du roi à être dévorée. Alors, Georges se bat contre le dragon, avec l’aide du Christ, naturellement et il gagne. La bête, seulement blessée, lui reste fidèle comme un chien. Cette histoire est tirée de la Légende dorée, de Jacques de Voragine. C’est grâce aux croisades que son culte se propage en occident, il était déjà très populaire en orient. Saint Georges est le saint patron des villes de Gênes et de Barcelone, puis de l’ordre Teutonique. C’est le saint national de l’Angleterre, le saint patron des chevaliers.  

Mais encore

Le final est grandiose. Lui aussi victime des persécutions sous Dioclétien, un empereur du IIIe siècle, il est torturé, brûlé, ébouillanté, broyé par une roue … À chaque fois il survit. Mais il finit par finir par être décapité. Depuis toujours saint Georges est associé à saint Sébastien. Tous deux sont des soldats du Christ, l’un d’Orient et le second de Rome (Sébastien). En plus, le général byzantin Belisario lors des guerres contre les Goths, aurait confié à saint Georges la protection non seulement de l’église du Vélabre, mais aussi de la Porte saint Sébastien, sur la Via Appia et le long des murs d’Aurélien. Dans l’islam, saint Georges est considéré comme un prophète. Représenté comme un soldat, souvent accompagné du drapeau des croisés, saint Georges a connu un grand succès dans l’art et la littérature. C’est un personnage fascinant, qui incarne l’idéal chevaleresque médiéval. Il représente le triomphe du bien sur le mal. On le fête le 23 avril.  

Eglise de saint Georges au Vélabre

Située dans le Rione Ripa, à côté de l’arc de Janus, l’église aurait été bâtie sur les ruines d’une habitation antique. Elle est née à l’endroit où, au Ve siècle, des moines grecs exerçaient des activités caritatives en distribuant des vivres aux pauvres. Au VIIe siècle le pape Léon II lui donne les noms de saint-Georges et saint Sébastien. Au VIIIe siècle, le pape Zacharie, issu d’une famille calabraise d’origine grecque, y amène de Cappadoce la tête du martyr Georges. Au IXe siècle, le pape Grégoire IV, donne à l’église la forme actuelle. Au XIIIe siècle, d’importants travaux sont faits sur la façade. On ouvre un oculus, on ajoute le portique avec l’inscription en caractères gothiques avec le nom du donateur le prieur Stefano Stella. Le clocher roman, quant à lui, est du XIIe siècle. Par la suite, l’église de saint Georges au Vélabre a été abandonnée, délabrée, dépouillée, encore restaurée. Jusqu’à ce que Antonio Muñoz dans les années 1920 fait enlever toutes les ajouts à la période romane. Dans la nuit du 28 au 29 juillet 1993, l’église a été victime d’un attentat à la voiture piégée organisé par Toto Riina, boss de la mafia. L’église de saint Georges au Vélabre a subi d’importants dégâts, (la façade et portique). Les restaurations se sont achevées en 1996.   

L’intérieur de l’église

A l’intérieur, l’église a trois nefs, délimitée par des colonnes et des chapiteaux différents arrachés à des monuments antiques. Le presbytère surélevé abrite un autel composé d’une dalle en style cosmatesque, d’un ciboire à 4 colonnes et d’une architrave en mosaïque. C’est une structure singulière qui donne à l’église un aspect simple. En dessous, une ouverture donne sur un reliquaire contenant le crâne de saint Georges. La fresque qui domine le catin absidale, commanditée en 1296 par le cardinal Pietro Peregrossi, a longtemps été attribuée à Giotto. Mais elle est de manière définitive l’œuvre de Pietro Cavallini ou tout de son école. Le Christ se place au centre, d’une main il tient un rouleau. De la droite soulevée, il fait le geste typique de l’orateur, l’adlocutio, comme sur les statues des orateurs romains. Sur les côtés, Marie, saint Pierre, saint Georges à côté du cheval tenant la bannière des croisés et le dragon à ses pieds. Saint Sébastien est vêtu comme un soldat, il porte un bouclier, signe de dévotion. Un peu partout. Dans l’église, de nombreuses inscriptions en pierre, dont certaines sont en grec témoignent la présence de moines grecs dans cette partie de la ville au Moyen- Âge.  

L’Arc des Argentari

Pratiquement collé à l’église, on voit encore un monument qui fait 6,80 mètres de haut sur 5,86 mètres de large, tout en marbre sculpté, c’est l’arc des Argentari. Situé sur le côté gauche de l’église de San Georges au Vélabre, plus qu’un arc de triomphe, ce monument devait être une porte qui donnait accès au Forum Boarium. Le marbre utilisé est le marbre blanc du Mont Hymette en Grèce, un massif montagneux au sud-est d’Athènes. Le nom, arc des Argentari, est moderne. C’est en 204 DC que cet arc est édifié et dédié à l’empereur Septime Sévère à sa famille. Le monument se trouve à l’endroit où le vicus Jugarius, une route provenant du forum romain, entrait sur la place du Foro Boario, la place du marché. Comme en témoigne l’épigraphe sur l’arc, il s’agissait d’une initiative privée des argentarii et negotiantes boari huius loci (des banquiers et des commerçants de boeufs du forum Boario). Selon de récentes hypothèses, l’arc devait être surmonté de cinq statues, probablement en bronze doré, avec au centre l’empereur. La moitié d’un des piliers est enfouie dans les murs de l’église.

Les personnages

Pour être plus précis, l’arc était dédié à Septime Sévère, à sa femme Giulia Domnica, à ses deux fils Caracalla et Geta, à Fulvia Plautilla, épouse de Caracalla. Mais, aussi bien Geta, le frère, que Fulvia Plautilla, l’épouse de Caracalla ont été effacés. Geta est tué en 212 dans les bras de sa mère auprès de laquelle il se réfugie pour échapper à la furie bestiale de son frère. Geta a même été condamné à la damnatio memoriae, à l’oubli éternel. C’est pourquoi tous ses portraits, toutes les dédicaces, toutes les inscriptions à lui dédiées ont été effacées de tous les monuments de l’empire. Ici , à côté du jeune Caracalla, il y a un espace vide. Quant à Fulvia Plautilla, la femme de Caracalla, elle a été exilée en 205 et tuée en 211 ou 212. Les deux ont divorcé en 205, à la suite de la mort de Gaius Fulvio Plauziano, le père de Plautilla, tué par les sbires de Caracalla. Le mariage aurait été un mariage sterile car Caracalla aurait refuser de manger ou de dormir avec sa femme. Plautilla, envoyée en exil, meurt avec son frère Ortensiano à Lipari en Sicile.

La décoration

La décoration est très riche et dense. Elle ne laisse aucun espace libre. Des corniches à motifs végétaux, des volutes d’acanthe et d’insignes militaires entourent les personnages et les scènes plus importantes. L’architrave est soutenue par deux gros piliers en brique recouverts de marbre, dont un est partiellement enfoui dans le mur de l’église. En bas, il y a une frise avec la scène d’un sacrifice de taureaux, au-dessus des outils utilisés lors des sacrifices. Dans les panneaux internes, à gauche Caracalla, son frère a été effacé à sa place il reste un espace vide. A droite Septime Sévère et Giulia Domnica font des sacrifices aux dieux. Tout autour on voit deux soldats avec un prisonnier, Hercule avec sa massue, des Victoires ou des aigles tenant des guirlandes, un Génie, peut-être le peuple romain ou le génie du Forum Boarium. Une partie du monument est encore sous terre, au moins un mètre.   

L’arc de Janus

Arc de Janus, c’est une appellation erronée car le dieu bifrons à peu à voir dans cette histoire. Fort probablement le nom a plutôt à voir avec giani, ou ianui autrement dit porte, l’arc à quatre ouvertures ou quatre portes. Il semblerait que cet arc est un de ceux qui se trouvaient dans les quatorze régions, quartiers, de la ville antique. L’empereur Auguste avait divisé Rome en quatorze quartiers pour mieux l’administrer. On les plaçait à proximité des marchés pour faciliter la viabilité. Les niches, aujourd’hui vides, étaient probablement ornées de statues. Au Moyen-Âge on a fini par l’appeler l’arc des Frangipane du nom des petits tyrans qui à l’époque contrôlent le quartier. Sa forme est celle d’un carré de 12 mètres de côté. mais avec une hauteur de 16 mètres.

Les quatre déesses

D’après la façon dont il est construit c’est un arc du IVe siècle bâti en 357 après JC pour commémorer la visite de l’empereur byzantin Constance II. La voûte est en ciment et brique pour qu’elle soit la plus légère possible. Le revêtement en marbre a été réalisé avec des matériaux provenant d’autres monuments. Effectivement, de plus près, on pourrait voir les entailles faites sur les bords pour arracher les dalles. Sur les clefs de voûte des 4 arcs on voit des figures sculptées des déesses : Rome et Junon assises, Cérès et Minerve debout. Naturellement les déesses assises sont plus importantes, elles sont assises comme sur un trône. Junon est la Regina Deorum, la reine des dieux. La déesse Rome c’est la personnification de la ville. Minerve, dans ce cas c’est la déesse des combats et Cérès la déesse des moissons autrement dit l’abondance qu’on peut défendre à coup d’épée.

Constantin ou Constance II

 Le monument se dresse sur le canal souterrain, la Cloaca Maxima, l’égout. L’arc aurait servi aussi d’abri lors d’intempéries, se protéger tout en discutant affaires. L’arc est construit en travertin et marbre blanc, avec 4 piliers robustes supportant une voûte. De nombreuses niches, aujourd’hui vides, percent les piliers. La plupart des frises ont été supprimées, pour faire place à une inscription aujourd’hui disparue. Selon les archéologues Coarelli et Torelli, cette inscription dont des fragments étaient murées et visibles sous le porche de l’église avant l’attentat de 1993, était une dédicace à un empereur qui aurait chassé l’usurpateur Magnence. Suite à cela on pense donc que l’empereur en question serait Constance II. Pour d’autres encore, les trois lettres COS trouvées lors de la restauration ont fait penser à l’empereur Constantin vainqueur sur Maxence.

Notes

  • Lors de cette visite on découvre quelques églises, une tenue vestimentaire correcte est requise
  • A faire le matin vers 8 heures tous les jours sauf les dimanches, pendant les messes.
  • Aucune entrée est prévue
  • Pour réserver vos entrées écrivez à arterome2@gmail.com ou téléphonez au +39 34795412
arc de Gianus illuminé
Découverte de Rome la nuit ou visite tot le matin