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église sainte Sabine

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Un église sur l’Aventin

L’église sainte Sabine est l’une des églises les plus anciennes de Rome. Bâtie entre 422 et 440 elle préserve, malgré tous les changements survenus au cours des siècles, cette atmosphère sacrée qui distinguait le rassemblement des premières communautés chrétiennes lors de la célébration de l’Eucharistie. Le pape Honorius III confie la basilique à saint Dominique de Guzman comme siège romain de son Ordre, les Frères Prêcheurs, mieux connus aujourd’hui sous le nom de dominicains. Enfin, depuis près de 1600 ans, l’église sainte Sabine est un lieu de méditation qui invite à la prière. 

église sainte Sabine

Le long des siècles

Cette église paléochrétienne aurait été construite par Pierre d’Illyrie, un prêtre dalmate, sous Célestin Ier, sur l’habitation de Sabine. Cette romaine aurait souffert le martyre car elle était chrétienne. Dans la construction, 24 colonnes du temple de Junon Regina ont été utilisées. Restaurée au IXe siècle sous Léon III, embellie par Eugène II, l’église sainte Sabine perd son aspect médiéval lors des travaux réalisées par Domenico Fontana en 1587 et en 1643 par François Borromini. Il démolit la schola cantorum, le ciboire et construit un nouveau maître-autel avec baldaquin. Au début du XXe siècle Antonio Muñoz remanie totalement l’église. Toutes les structures baroques sont éliminées pour ramener l’église sainte Sabine à son aspect d’origine.  

Sous l’église sainte Sabine

Les campagnes de fouilles de 1855-1857 et 1936-1939 menées sous l’église sainte Sabine au XIXe siècle ont permis d’identifier deux petits temples de l’époque archaïque. On a aussi trouvé des pans de murs des premiers remparts de Rome, dans lesquels on peut voir les deux phases de travaux. Une première phase qui montre des murs archaïques du VIe siècle avant JC. et une deuxième phase réalisée après l’invasion gauloise du IVe avant JC. On a aussi découvert dans des bâtiments de différentes époques, les traces d’une communauté vouée au culte d’Isis. Ils nous ont laissé des peintures et des graffitis liés au culte. Sous l’église, on a découvert une ancienne route et un bâtiment en brique avec une cour centrale et des mosaïques de l’époque d’Auguste.

Le narthex de sainte Sabine

L’église n’a pas de façade, elle est incorporée au narthex, l’un des quatre bras de l’ancien quadriportique qui précédait l’église. Les trois autres bras sont actuellement à l’intérieur du monastère dominicain qu’on peut difficilement visiter. L’une des entrées est située sur le côté de l’église et elle présente un portique à arcatures sur colonnes surmonté des fenêtres de la nef latérale droite. Sur les murs de la deuxième entrée,  de nombreux vestiges de la basilique médiévale y sont conservés. On y voit des  fragments de marbres avec des bas-reliefs ou des inscriptions. Sont aussi présents deux morceaux de sarcophages romains remaniés en pierres tombales chrétiennes. Au bout de l’atrium se trouve une statue du XVIIe siècle de Sainte Rose de Lima. Il n’y a aujourd’hui que deux entrées à l’église, car la troisième a été fermée au XIIIe siècle pour permettre la construction du clocher.

La porte en bois de sainte Sabine

 L’entrée principale est formée d’un portail en bois datant du Ve siècle. Il constitue le plus ancien exemple de sculpture paléochrétienne en bois. La porte se composait à l’origine de 28 panneaux dont 18 sont originaux. Les bas-reliefs représentent des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament ainsi que les vies de Moïse, d’Éli., On distingue les miracles du Christ, l’Ascension et la Crucifixion, c’est d’ailleurs la plus ancienne représentation du Christ entre les deux larrons. Dans la disposition actuelle, les histoires sont mélangées. Les panneaux montrent la main de deux artistes très différents. L’un est d’inspiration classique, l’autre d’inspiration plus populaire moins classique. On ne connaît pas les noms.

L’intérieur de l’église

L’intérieur de l’église est formé de trois nefs. L’espace est divisé par vingt-quatre colonnes cannelées aux chapiteaux corinthiennes surmontées par des arcs, des colonnes probablement arrachées au temple de Junon Regina. Au-dessus des arcs supportés par les colonnes, s’étend une frise en marbre polychrome. Sur chaque colonne figurent des insignes militaires surmontés d’une croix, symbolisant l’autorité supérieure de l’Église sur le pouvoir impérial. La Schola Cantorum, a été reconstruite en 1936 à l’image de celle des chrétiens du IXe siècle. Les bas-reliefs sont essentiellement des motifs végétaux, des animaux des symboles tous à l’aspect très stylisé. Le sol est recouvert de nombreuses pierres tombales.

Sur la contre-façade

Sur la contre-façade on voit une mosaique toute en longueur, qui porte une inscription en lettres d’or, dont l’auteur serait San Paolino da Nola. Sur chaque côtés de l’inscription on voit deux femmes. L’une symbolise l’Ecclesia d’origine juive et elle tient entre ses mains l’Ancien Testament. L’autre est l’Ecclesia d’origine païenne et elle tient le Nouveau Testament. Il y avait aussi des apôtres et des évangélistes. Le texte dit : « Lorsque Célestin possédait le plus haut degré de dignité apostolique et brillait dans le monde entier comme le premier des évêques, cette merveille fut bâtie par un prêtre de Rome, originaire d’Illyrie, Pierre, homme bien digne de porter ce nom car dès sa naissance il a été nourri dans la salle du Christ, riche pour les pauvres, pauvre pour lui-même, en fuyant les biens de la vie présente, il a bien mérité l’espérance de recevoir la vie future ».

Les fresques de l’abside

L’abside est couverte d’une fresque de Taddeo Zuccari datant de la fin du XVIe siècle. Elle propose l’iconographie de l’ancienne mosaïque. Le Christ est assis entouré des apôtres et du peuple de Dieu. A ses pieds jaillit une rivière auquelle s’abreuve des brebis. Elles symbolisent les chrétiens gentils et dociles. En bas, deux de chaque côté, quatre docteurs de l’Église tiennent des livres en main. Les murs des parois latérales étaient autrefois recouverts de marbres dont il reste aujourd’hui peu de traces, ainsi que d’une décoration à fresque florale du Ve siècle. En 1936, l’ancienne schola cantorum été reconstruite en utilisant des fragments originaux. L’église est éclairée par une série de 29 fenêtres cintrées, 5 sont celles de la façade, ouvertes au-dessus des arcs de la nef centrale.  

La pierre du diable

Au centre de la nef centrale, on voit une dalle funéraire du XIVe siècle. C’est celle de Muñoz de Zamora, un général des Dominicains. C’est une œuvre unique à Rome car le personnage est fait en mosaïque. Dans la nef de droite, est encastrée dans le mur, une colonne romane en marbre. Elle appartient aux phases les plus anciennes de l’église et elle se trouve à un niveau plus bas. Il y a aussi au début de la nef de gauche une colonne surmontée d’une pierre noir, on l’appelle la Lapis Diaboli, la pierre du diable. Selon la légende, elle aurait été lancée par le diable contre saint Dominique en prière sur le tombeaux de martyrs. En tombant elle se serait brisée en mille morceaux. En réalité, la pierre noir aurait été brisée par l’architecte Domenico Fontana lors des travaux de 1587.

Chapelle de sainte Catherine de Sienne

Le long de la nef de gauche se trouve une chapelle dédiée à sainte Catherine de Sienne. Elle date de 1671. Elle a été conçue et décorée par Giovan Battista Contini. Les fresques de la coupole sont de Giovanni Odazzi, un peintre et graveur baroque actif essentiellement à Rome et dans sa région. On y voit la Gloire de Sainte Catherine de Sienne, qui date du début du XVIIIe siècle. Sur l’autel se trouve une toile de Giovanni Battista Salvi dit Sassoferrato, c’est le nom de sa petite ville d’origine. Le tableau porte le nom de la Madonna del Rosario. On y voit Marie assise sur un trône entre saint Dominique et sainte Catherine de Sienne. Dans la partie visible du clocher, à l’extrémité de la nef, se trouve une chapelle qui abrite une statue en bois de la Vierge à l’Enfant du XVIe siècle.

La chapelle de Saint Hyacinthe

Le long de la nef de droite se trouve la chapelle de Saint Hyacinthe, construite peu après 1594, année de la canonisation du saint. La chapelle a un plan carré. Sur les parois et sur la coupole on a des fresques de Federico Zuccari. Sur la voûte est représenté le Triomphe du saint et sur les murs des épisodes de sa vie. Le retable de Saint Hyacinthe vénérant la Madone qui date du début du XVIIe siècle est de Lavinia Fontana. Lavinia Fontana, comme presque toutes les femmes peintres de la Renaissance au XIXe siècle, est aussi une fille de peintre. Son père, Prospero, était un grand peintre de Bologne. Jusqu’au XIXe siècle, les femmes n’avaient pas accès aux écoles, académies ou autres lieux où elles pouvaient apprendre. L’apprentissage devait nécessairement se faire au sein de la famille. Au fond de la nef droite se trouvent le monument funéraire du cardinal Ausias Despuig (1483), en marbre romain.

Notes

  • Visite possible tous les jours sauf le dimanche matin et pendant les messes
  • Aucune entrée prévue
  • Tenue vestimentaire correcte requise surtout l’été
  • Découverte de l’église sainte Sabine lors de la visite guidée de l’Aventin
  • Pour réserver vos visites écrivez à arterome2@gmail.com ou téléphonez au +393479541221