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Les murs Aurelien

Histoire

Le concept de murailles à Rome naît avec le légendaire sillon tracé par la charrue de Romulus sur le mont Palatin. Ce tracé s’est fait à l’aube, à la première heure. Armé d’une charrue tirée par une vache et un bœuf, Romulus donne naissance à Rome le 21 avril 753 avant Jésus-Christ. Plus qu’une protection contre l’envahisseur, ce tracé est plutôt une « frontière religieuse », une limite magique défendue par des tabous et des interdits. Ce tracé, cette circonférence s’appelle le « pomerium » (poste murum = après le mur). Tout le long de cette bande de terre qui entoure la ville, on ne peut pas construire, vivre, labourer la terre, enterrer les morts. L’espace est indiqué par des pierres. A chaque destruction définitive d’une ville ennemie, (par exemple Carthage) les romains abattent les murs de la ville. Ils tracent un cercle autour de la ville en sens anti horaire comme pour disperser les protections. Ils jettent du sel sur les ruines de la ville détruite .   

La Louve histoires des murs

Les premiers murs

 Les premiers remparts de Rome datent du VIe siècle avant Jésus-Christ et ils portent le nom de « Serviana ». On raconte que le sixième roi de Rome Servius Tullius se soucie de fournir une protection à la ville. Un mur de six mètres de haut fait de bloc de tuf, une pierre locale, dont il reste des traces un peu partout autour de la ville est élevé. Après la tentative d’invasion de la part des celtes de la plaine du Pô, on agrandit et renforce les remparts. La date exacte de cette reconstruction des murs Serviane nous est donnée par Titus Livius. Il nous rappelle qu’en 378 av les barbares assiègent Rome. La construction d’une nouvelle muraille décidée par les censeurs est réalisée, pour mieux défendre la ville. Alors, les remparts ont 10 kilomètres de long. On peut encore les admirer aujourd’hui, quoique limité à de petits pans de murailles. Ils sont, en tout cas, trop peu mis en valeur, voire parfois à moitié caché par des bâtiments et des entrepôts. On les voit au pied de la colline de l’Aventin, sous l’église de sainte Sabine, pas loin de la gare Termini …  

les ramparts de Rome les murs Serviana

Les murs Aurélien

Au IIIe siècle AD, la ville déborde largement des 10 kilomètres de circonférence des murs Serviana. Aurélien, un empereur soldat, éprouve la nécessité de fournir Rome d’un nouveau système de défense, Il fait bâtir les murs Aurelien. Il faut dire, que alors, Rome subit les conséquences d’une grave crise économique et politique qui met en évidence la faiblesse de l’Empire. Les barbares aux frontières sont une menace plus que certaine. Aurélien décide de doter Rome de nouveaux remparts. Les travaux commencent en 271 AD. Ils sont exécutés assez rapidement et ils sont certainement terminés ou presque à la mort de l’empereur (275). Les détails sont portés à terme par l’empereur Probus (279). Les remparts Aurélien sont des murs en briques de 6 mètres de haut et 3,50 d’épaisseur, équipés tous les cent pieds (environ 29,60 m) d’une tour carrée, En haut de la tour on trouve encore une chambre pour les machines de guerre.

La pyramide Cestius

Constructions des murs Aurélien

Pour aller plus vite, les romains n’ont pas hésité à insérer des bâtiments déjà existants plutôt que de les démolir. On voit des traces de ces édifices avec le « Castra Praetoria », à la Porta Maggiore, l’inclusio de l’Amphithéâtre Castrense ou la Pyramide de Cestius. De nombreuses portes, grandes et petites, percent les fortifications. Aujourd’hui il en reste moins qu’une vigtaine. Les portes les plus importantes se composent de deux entrées jumelles, couvertes d’arcs, avec un parement en travertin et encadrées par deux tours semi-circulaires. Tandis que les portes secondaires ont un arc simple au lieu du double et elles sont simplement insérées au centre d’un pan de mur, entre deux tours carrées. On en voit encore plusieurs portes même elles n’ont plus l’aspect d’origine.

Tranformations

Au cours des siècles les murs Aurélien sont de nombreuses fois modifiés, restaurés, améliorés. Le premier à mettre les mains à la transformation, c’est l’empereur Maxence 306-312 après JC. Il fait consolider et restaurer les remparts. Une caractéristique de cette période est l’utilisation de l’Opus Vittatum autrement dit des bandes horizontales de gros blocs de tuf alternant des bandes de briques. Au Ve siècle, Arcadius et Honorius font des travaux, pour fortifier les murs, faire face aux invasions germaniques. Ils font presque doubler de hauteur et créent un premier chemin de ronde couvert d’une voûte. Au-dessus de cette passerelle couverte, ils ajoutent une deuxième passerelle de patrouille découverte et crénelée. Les portes de la ville ont été massivement renforcées. On construisit des tours cylindriques, des salles de contrôle au-dessus des portes. Les portes fortement fortifiées, peuvent, maintenant, soutenir des attaques venant aussi bien de l’intérieur des murs que de l’extérieur.
 

Autres transformations

D’autres travaux ont lieu au VIe siècle lors des guerres gothiques, voulus par les généraux byzantins Belisario et Narsete. Procope de Césarée nous a raconté dans les guerres Gotiques le long siège que Rome a subi. Alors, les murs deviennent une forteresse imprenable avec 18 portes principales, 383 tours, 7 020 créneaux, 5 postes principaux, 116 latrines et 2 066 grandes fenêtres extérieures. Au XIe siècle, le « Sénat romain », Sénat médiéval, fait restaurer la Porta Metronia et de nombreuses sections de l’enceinte murale. Alors, les papes habitent à saint Jean de Latran, près de la Porta Asunaria. Au XVIe siècle, le pape Paul III Farnèse charge l’architecte Antonio da Sangallo de renforcer toutes les remparts de Rome afin de résister aux coups de canon. Pie IV Médicis confie à Michel-Ange la construction de Porta Pia. En 1655, Papa Alessandre VII Chigi, fit refaire la façade interne de la Porte du Peuple, à l’occasion de l’arrivée en ville de Christine de Suède. En 1885 on ouvre Porta Pinciana murée depuis longtemps.

Les portes

Une bonne partie des remparts est encore debout, mais, sur la rive gauche du Tibre, les murs ont complètement disparus à l’exception de quelques fragments. Depuis la fin du XIXe siècle, de nombreux bâtiments médiévaux et autres constructions ont été démolis pour dégager les remparts. Avec l’augmentation du trafic des voitures, de nouveaux passages ont été ouverts. Mais, on peut dire, que malgré dix-huit siècles de catapultes, de canons, de bombes et de tremblements de terre, de pollution ils sont encore là. Des nombreuses portes percées. quatre sont les portes principales. D’abord Porta Flaminia et Porta Appia, les deux communiquaient avec les principales voies romaines vers le nord et le sud. Ensuite Porta Portuensis et Porta Ostiensis les deux donnaient accès aux routes qui menaient aux ports maritimes et fluviaux. Onze portes romaines sont encore visibles aujourd’hui.   

Porta Flaminia

Porta Flaminia correspond à l’actuelle Porta del Popolo qui donne sur la place du Peuple. Elle doit son nom au fait qu’elle s’ouvre sur la voie consulaire, la voie Flaminia. Cette rout est pavée au IIIe siècle avant JC par Caio Flaminio. Du forum romain ella arrivait à Ariminum (Rimini) sur la côte adriatique en parcourant 300 km et en traversant les Apennins. L’aspect actuel est dû aux transformations nécessaires pour faire face aux besoins accrus du trafic urbain. En 1887, les deux arcades latérales ont été ouvertes, pour la construction desquelles il a fallu, déjà en 1879, démolir les tours qui flanquaient la porte. (Lire la suite).

Porta Pinciana

Porta Pinciana se trouve au sommet de la célèbre Via Vittorio Veneto. La porte remonte à 403 après JC. C’était alors une simple petite entrée grandie par l’empereur Honorius. Elle est flanquée et protégé par deux tours et elle a encore l’arc central d’origine en travertin. Son nom lui est donné par la « gens Pincia » qui du temps des romains étaient les propriétaires de la colline. Par ici passait la via Salaria Vetus, l’ancienne route du sel, probablement parcourue bien avant la naissance de Rome. Il fut un temps où elle portait le nom de Porta Turata, parce qu’elle avait été murée du VIIIe au XIXe siècle. On l’avait aussi nommée Porta Belisaria du nom du général byzantin qui en 537 chassa les Ostrogoths lors des guerres contre les Goths. Belisario fut aussi l’architecte d’une restauration des murs d’Aurélien au VIe siècle. 

Porta Pinciana en haut de via Veneto
Porta Pinciana en haut de via Veneto

Porta Pia

Porta Nomentana située le long de Viale del Policlinico a été murée pour faire place quelques mètres plus loin à Porta Pia. En effet, entre 1561 et 1565, l’ancienne Porta Nomentana a été remplacée par la Porta Pia sur ordre de Pie IV (d’où le nom). C’est à Michel-Ange que fut confiée la tâche. Cette porte est liée à un fait important qui a eu lieu lors du Risorgimento, la fameuse brèche. Une ouverture faite à quelques mètres de la porte, le 20 septembre 1870, par les Bersaglieri, des soldats. C’est une date importante. Elle met fin au gouvernement papale sur la ville éternelle. Alors, Rome devient la capitale de l’Italie. En souvenir de cet événement, un monument en marbre et en bronze a été placé à l’endroit où les remparts ont été abattus. Sur la façade externe, on voit deux statues, celle de sainte Agnese et celle de saint Alexandre, placée par l’architecte Vespignani en 1851 pour rappeler un miracle. Le pape Pie IX avait échappé à l’écroulement de la salle d’audience.

La façade externe de porta Pia
La façade externe de porta Pia

Porta san Giovanni

Porta Asinaria, aujourd’hui inutilisée, est très proche de Porta San Giovanni. La Porta Asinaria était l’une des portes mineures des murs d’Aurélien. Son nom vient de l’ancienne Via Asinaria. À l’origine, la porte avait une arche unique entre deux tours quadrangulaires. C’est bien plus tard, quand les papes habitaient dans les palais près de la basilique de saint Jean de Latran, qu’elle est agrandie. C’est l’empereur Honorius qui, au Ve siècle, en ajoutant les deux tours semi-circulaires, s’en charge. Ce qui n’était guère plus qu’une petite ouverture qui fut élevée au rang de véritable porte et transformée en un puissant ouvrage défensif. La partie externe de la porte montre la façade en travertin blanc et deux rangées de petites fenêtres qui éclairaient deux couloirs construits au-dessus de la porte. Ces couloirs sont les passerelles qui donnaient accès à la salle de manœuvre où se trouvait le lourd mécanisme qui permettait de fermer la porte.

Porta san Sebastiano

Tout le monde connaît cette porte avec le nom de Porta san Sebastiano mais son vrai nom était Appia. Cette porte est une des plus grandes et des mieux conservées des murs d’Aurélien. Appia c’est le nom de la chaussée qui du temps des romains était la plus importante de la ville. C’est bien plus tard que la porte finit par s’appeler San Sebastiano. Pas loin de là on voit encore le tombeau, l’église et les catacombes de ce martyr chrétien qui y est enterré. On peut la visiter, pour le moment, gratuitement. Tous les jours du mardi au dimanche de 9 heures à 14 heures. 

Notes

  • Possibilité de visiter la Porte saint Sébastien avec la visite guidée les thermes de Caracalla
  • Entrée gratuite tous les matins sauf le lundi
  • Possibilité de faire le tour d’une partie des murs en vélo électrique le dimanche et les jours de fêtes
  • Pour réserver vos visites écrivez à arterome2@gmail.com ou téléphonez de 18 à 21 heures au +393479541221
L'arc de Druse vu de la porte saint Sébastien sur la voie Appia antique
L’arc de Druse vu de la porte saint Sébastien sur la voie Appia antique